Éthique et animalité | Conférence-formation d’Odile Petit | 2 décembre 2021

Le jeudi 2 décembre 2021 à 14h, le laboratoire junior RAT aura le plaisir d’accueillir l’éthologiste Odile Petit, présidente de l’association Éthosph’R et directrice de recherche au CNRS au laboratoire Physiologie de la reproduction et des Comportements, pour sa conférence-formation “Prendre en compte les besoins des animaux utilisés à des fins scientifiques pour une recherche plus en phase avec des attentes sociétales”.

Dans le contexte actuel où l’expérimentation animale se trouve de plus en plus réglementée et en même temps davantage questionnée, voire remise en cause, par la société civile, comment envisager et dépasser le cadre règlementaire de l’utilisation scientifique des animaux pour inscrire le bien-être de animal au coeur des pratiques afin d’être plus en phase avec les attentes de la société ? Tels sont les enjeux que propose d’explorer notre invitée, spécialiste du comportement social des animaux.

La communication, ouverte à tous les publics et adressée tout particulièrement aux jeunes chercheur•euse•s scientifiques amené•e•s à utiliser dans leur travail des animaux à des fins scientifiques, aura lieu à l’ENS de Lyon (46 allée d’Italie, entre la Place de l’École et la Halle Tony Garnier, Amphi BIO, site Monod).

Argumentaire rédigé par Odile Petit :

L’utilisation d’animaux à des fins scientifiques est encadrée règlementairement. Ces règles sont à la fois le résultat de directives européennes mais aussi de recommandations institutionnelles (CNREEA par exemple). L’expérimentation animale est régulièrement remise en cause par de nombreux pans de la société civile. En effet, la condition animale, autrefois défendue par les seules associations de protection animale, voit depuis quelques années sa cause portée par des personnalités médiatiques et politiques. Nous assistons également à l’émergence du droit animalier et de formations en éthique animale. La pression sociétale est forte et de nombreuses initiatives sont régulièrement organisées (référendums et autres pétitions). Ces actions se basent sur les travaux des éthologistes qui ont démontré la capacité de nombreuses espèces animales à ressentir des émotions positives et négatives et à raisonner au sujet de leur environnement. Ainsi, les différents niveaux et contenus de la conscience répertoriés chez les animaux devraient donner lieu à des considérations éthiques proportionnées, en particulier chez les espèces domestiques utilisées dans l’agriculture, la recherche, le travail, le sport ou à la maison comme le propose une expertise scientifique collective menée sur la conscience animale en 2017.

Dans ce contexte, la communauté scientifique, dans une démarche éthique et de progrès, doit dépasser le seul cadre règlementaire en inscrivant le bien-être animal au cœur des pratiques afin d’être plus en phase avec les attentes de la société.

Dans cette présentation, après un recensement des obligations règlementaires (les 3 R, les comités d’éthique, etc.), je proposerai trois domaines d’action où les scientifiques peuvent démontrer qu’ils/elles prennent toutes leurs responsabilités dans le débat sur la condition animale, en accord avec l’évolution des consciences. Cela recouvre l’amélioration de la formation, l’évaluation du bien-être des animaux de laboratoire et la question de leur devenir post-expérimental. Une telle démarche, respectueuse de l’animal, constitue à mes yeux un vecteur de réconciliation entre recherche expérimentale et société civile.

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